06 62 63 12 88

« Act your Wage ». Nouvelle tendance épinglée par Tik Tok et la génération Millenials. Ce n’est pourtant pas la première fois que j’entends parler de cette posture professionnelle pleinement assumée qui consiste à « ne pas en faire plus que le salaire pour lequel on est payé », voire à surveiller sa productivité pour rester dans le rang et ne pas donner au manager/patron l’idée de charger la mule.

Limitons la performance

La tendance est inédite parce qu’elle devient un appel pleinement assumé à tous les travailleurs afin de remettre en adéquation salaire et productivité.

Limiter sa performance de manière consciente, c’est faire ce pour quoi on a signé le contrat de travail et surtout pas plus.

Pour certains, cela devient comme un mantra :

-« Je suis désolé, mais je ne suis pas payé pour faire ça »

Lorsque, par exemple, on demande à un salarié de faire quelque-chose d’inédit comme prendre la parole lors d’un salon professionnel, ou lorsqu’on demande à un collaborateur de remplacer un membre absent de l’équipe et de cumuler 2 rôles de manière temporaire dans l’entreprise.

-« Merci mais non merci »

« Act your wage » cela signifie également réajuster sa capacité de travail à son niveau de salaire. Ainsi, si on a tendance à délivrer rapidement son travail, mieux vaut ralentir la cadence et refuser les charges de travail supplémentaires, toujours respectueusement bien sûr.

Le fait est que, dans les entreprises, la performance est souvent récompensée par un titre pompeux, de la reconnaissance sociale mais très souvent par un objectif de performance supplémentaire sans pour autant que le salarié soit récompensé financièrement pour sa rentabilité.

Aujourd’hui, les Millénials l’ont bien compris et ne veulent plus prendre part à ce jeu de dupes, leur vie en dehors du travail est parfois bien plus importante que leur job et ils veulent pouvoir la financer dignement. Cette posture communiquée et assumée renverse clairement l’ordre établi.

« Act your Wage » dans la génération X

Un peu déstabilisant pour les travailleurs de la génération X comme moi, j’ai rarement mis en pratique « Act your Wage » dans mes jobs. Très consciente de ma performance, je ne restais pas très longtemps dans les jobs qui ne savaient pas me récompenser.

Les expériences de mes parents issus du monde ouvrier m’ont façonnée quant à mon rapport à la performance : « Plus tu montres à un patron que tu es rapide, plus il augmentera la cadence » disait mon père.

Ma mère, ouvrière modèle, en a fait les frais dans une usine de confection et clairement depuis ce jour traumatique où je l’ai vu revenir du travail dans un état indescriptible, j’ai été vaccinée contre le Burn Out.

Pour moi, le travail est un terrain de jeu où l’on peut tester des expériences dans un cadre sécure. On peut explorer son potentiel, sortir de sa zone de confort tout en étant accompagné par l’entreprise. C’est ainsi que j’ai fait des jobs très différents, vécu des centaines d’expériences et développer de nombreuses soft skills.

A mon sens « Act your Wage » est une limite saine pour protéger le salarié du burn out et une manière de déculpabiliser le fait de ne pas vouloir s’investir plus que le salaire horaire. Après tout, nous ne sommes pas tous passionnés parce que nous faisons au travail, et c’est ok !

D’autres sont très consciencieux et perfectionnistes.

Certains de mes clients salariés ramènent du travail à la maison (hors télétravail) et travaillent le week-end pour clôturer des dossiers. Intégrer le mantra « Act your Wage » à petites doses ne leur feraient pas de mal.

Si les jeunes millenials américains scandent « Act your Wage » comme un mantra activiste, le pouvoir qu’ils pensent avoir face au management qui les oppresse me semble surestimer. Définir les contours de son travail est évidemment primordial mais conserver cette posture professionnelle a des conséquences sur le long terme qu’on ne perçoit pas toujours.

 

Les conséquences d’un « ActyourWagism » absolu

Le développement de l’entreprise :

La première conséquence que je vois est assez terrible et elle est déjà en place dans certains domaines d’activités, principalement dans les grandes entreprises.

La masse salariale peut représenter une menace pour une entreprise car des métiers sont en train de disparaitre via l’automatisation des tâches et les personnes ne sont pas toujours reclassables. Pour cela, les entreprises ont déjà des solutions :

Dans un univers de travail qui se mondialise et avec l’Intelligence Artificielle qui s’infiltre dans les process métiers, on va désormais demander à un indien ou à un chinois de prendre votre place pour un salaire deux ou trois fois inférieur. Pour une entreprise, le gain de rentabilité est énorme. Facilement pilotable à distance, des services entiers vont être délocalisés dans des pays ou le salaire moyen, la fiscalité et le rapport à l’autorité seront bien plus conformes à la vision de la direction de l’entreprise.

L’autre solution est le recours à l’auto-entreprise. Transformant le rapport salarié-employeur en fournisseur-client, l’entreprise peut faire jouer la concurrence et obtenir la performance visée avec un meilleur rapport qualité-prix, laissant à l’auto-entrepreneur la joie de gérer sa charge de travail et sa charge mentale.

La trajectoire du salarié :

Dans nos vies professionnelles, il y a plein d’opportunités.

Opportunités pour lesquelles il n’y a pas forcément de gains financiers immédiats.

Ce peut être une rencontre au détour d’un séminaire qui éclairera notre vie pendant des années, une expérience qui nous a fait sortir de notre zone de confort et sur laquelle nous pouvons capitaliser, un travail que nous avons accompli qui nous a fait prendre conscience de certaines vérités sur nous ….

Certaines expériences n’ont pas de prix et n’ont de valeur que pour celui ou celle qui veut bien les vivre.

Refuser de vivre ces expériences peut limiter notre développement et notre croissance personnelle. C’est dommage parce qu’on ne sait jamais ce qui se cache derrière un nouveau travail ou une tâche supplémentaire. Par peur d’être exploité par le système, on devient le comptable de son temps de travail en ramenant celui-ci à une logique financière. On ne voit pas forcément la portée personnelle que ce travail peut avoir.

Pour finir, « Act your wage » a toujours existé. Les ouvriers des chaines de production ont compris assez vite que faire plus vite signifiait aussi se faire mal. A l’époque, les gens étaient interchangeables, si un ouvrier disparaissait en congé maladie, les boites d’intérim en fournissaient un autre tout neuf, prêt à travailler. Aujourd’hui, on n’est plus vraiment à l’usine, mais les entreprises demandent plus de rentabilité avec moins de temps pour la faire. Il est normal que le système se rebelle par le biais des Millénials.

Mais tout comme les chaines de productions ont été délocalisées dans les pays en développement dans le début des années 90, toutes les fonctions de l’entreprise peuvent aujourd’hui être concernées. Se dire que le mouvement « Act you Wage » peut faire la différence, c’est croire au Père Noël, au Lapin de Pâques et à Babayaga. Si on doit lancer un mouvement en anglais et bien je vous souhaite de naviguer dans votre vie professionnelle en étant équilibré et en travaillant votre employabilité. Ce ne sera pas en étant avare dans vos expériences professionnelles que vous pourrez sortir du lot et contrer un homologue indien. « Be Balanced »

Restez Curieux

Restez Généreux

Restez dans l’équilibre du Donner-Recevoir

Restez dans le Flow…

 

Share This